La reprise d’officines de pharmacie se montre de plus en plus attractive en France depuis 2016. Les cessions en vue de la première installation des acquéreurs d’officines captent en effet une belle part des marchés français de la vente de pharmacies.
D’après la « Démographie pharmaceutique – Panorama au 1er janvier 2019 », une publication de l’Ordre national des Pharmaciens, les repreneurs sont pour la plupart de jeunes pharmaciens qui, d’adjoints, deviennent propriétaires titulaires de leur officine. C’est ainsi que 54 % des installations en officine de pharmacie concernent un pharmacien de moins de 36 ans. Notons que la France métropolitaine comptait 20 966 officines et 26 212 titulaires d’officine en 2018.
Vous aussi, vous avez pour projet d’acquérir votre première pharmacie, et vous vous demandez comment acheter une officine de pharmacie ? Avant d’aborder les points-clés de l’acquisition d’une officine de pharmacie, voyons d’abord en quoi consistent les rôles et missions du pharmacien titulaire d’officine, les conditions à remplir pour pouvoir ouvrir une pharmacie, ainsi que les raisons pour lesquelles acheter une pharmacie constitue une bonne option.
Les rôles et missions du pharmacien titulaire d’officine
Outre des rôles de gestion et de management de son équipe et de son entreprise, le pharmacien titulaire d’officine est également investi de nombreuses missions de santé publique, dont :
- la délivrance de médicaments et autres produits de santé;
- la dispensation de conseils pharmaceutiques;
- l’éducation thérapeutique des clients;
- un bilan partagé de médication pour chaque patient, librement consenti par ce dernier;
- la réalisation de préparations magistrales et officinales;
- la pharmacovigilance;
- la diffusion d’alertes sanitaires;
- la vaccination.
Le pharmacien titulaire peut exploiter son officine soit en solo, soit en association avec un ou plusieurs autres pharmaciens.
En fonction de sa taille et de l’importance de ses activités de parapharmacie, l’officine peut compter un ou plusieurs salariés, tels que des pharmaciens adjoints, préparateurs et secrétaires. Elle a aussi vocation à accueillir des stagiaires.
Qui peut acheter une officine de pharmacie ?
Détenir un doctorat en pharmacie, une condition sine qua non
Ne peut racheter une pharmacie officinale qui veut ! En France, l’activité pharmaceutique est en effet strictement réglementée par le Code de la Santé publique. De nombreuses conditions sont à remplir avant de pouvoir reprendre une pharmacie. Parmi elles, l’une des principales consiste à détenir un diplôme d’Etat de docteur en pharmacie. Autrement dit, impossible d’ouvrir une pharmacie en France si l’on ne possède pas ce diplôme.
Acheter une officine : les autres conditions à remplir
Les conditions requises pour devenir pharmacien titulaire d’officine via l’acquisition et l’exploitation d’une pharmacie comprennent donc, entre autres :
- la détention obligatoire d’un diplôme d’Etat de docteur en pharmacie;
- la justification d’une expérience professionnelle d’au moins 6 mois;
- l’inscription à l’Ordre national des Pharmaciens;
- la justification d’un apport personnel suffisant permettant de bénéficier d’un crédit bancaire destiné à financer l’achat d’une officine;
- l’interdiction d’exercer une autre profession.
Nécessaire uniquement dans le cas de la création d’une pharmacie, l’obtention d’une licence d’exploitation auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS) n’est par contre pas requise si le pharmacien achète une officine existante. La licence étant cédée en même temps que l’officine qui lui est rattachée.
Pourquoi acheter une officine de pharmacie ?
Un contexte particulièrement favorable pour les acquéreurs
Après son effondrement en 2009 suivi d’une reprise amorcée en 2016, le marché de la transaction d’officines témoigne aujourd’hui d’un certain dynamisme. Pour preuve, durant l’année 2018, 1209 cessions ont été enregistrées, soit le nombre le plus élevé de transactions d’officines de pharmacie depuis 6 ans.
Le contexte est ainsi particulièrement favorable aux pharmaciens désireux d’investir dans l’achat de leur première officine. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet intérêt pour la reprise d’officines de pharmacie :
- l’augmentation des départs en retraite de pharmaciens titulaires, 20 000 départs étant prévus à l’horizon 2030;
- la baisse des prix de cession des officines;
- la simplification des règles d’installation (ordonnance n° 2018-3 du 3 janvier 2018);
- un taux d’emprunt bancaire très attractif;
- la détention du monopole sur la délivrance des médicaments par le pharmacien d’officine ;
- l’existence de nombreuses mesures incitatives (voir ci-après).
Les jeunes diplômés désireux d’acquérir leur première officine disposent donc de nombreuses opportunités leur permettant de mener à bien leur projet.
Des mesures incitatives à l’achat de pharmacies d’officine
Les pharmaciens candidats à l’acquisition d’une officine de pharmacie sont encouragés dans leur projet via différentes mesures incitatives, dont :
- des exonérations d’impôt pour les installations dans l’une des 15 000 communes répertoriées dans les zones de revitalisation ;
- le droit automatique, sous conditions, au dispositif Acre (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise), consistant en un allègement voire une suppression des cotisations patronales d’assurance maladie, maternité, invalidité, décès, prestations familiales et assurance vieillesse de base;
- une baisse de l’IS (impôt sur les sociétés) pour les officines exercées en SEL (Société d’exercice libéral), le taux de l’IS étant ramené à 28 % en 2020 (au lieu de 31 % auparavant), à 26,5 % en 2021, puis à 25 % en 2022.
En résumé, l’Etat français cherche aujourd’hui à encourager l’ouverture et la reprise de pharmacies, afin de rééquilibrer le maillage officinal entre les zones sur-denses et les zones sous-denses, et aussi dans le but de préserver le réseau officinal existant.
Acheter une pharmacie : l’essentiel des démarches
L’achat d’une pharmacie d’officine constitue un projet d’envergure, qui nécessite une préparation minutieuse.
D’un point de vue juridique et légal, racheter une officine de pharmacie existante est certes plus simple et plus rapide que d’en créer une nouvelle. Cependant, il faut savoir qu’une telle opération nécessite également un fort investissement. Que ce soit en termes d’apport personnel à faire valoir auprès de la banque prêteuse, qu’en termes de remboursement mensuel du prêt bancaire généralement étalé sur 15 ans.
Par ailleurs, depuis l’étude de marché jusqu’à la signature de l’acte définitif de vente, en passant par la recherche de financement et le choix du montage juridique le plus adapté à votre profil, rien ne doit être laissé au hasard.
Voici l’essentiel des démarches à effectuer en matière d’acquisition d’une première officine.
- Faites le point de votre situation personnelle et financière, de vos motivations, de vos ambitions, de la qualité de vie que vous recherchez.
- Posez-vous les bonnes questions à propos de vos préférences en matière de secteur géographique d’installation, à moins que vous ne soyez un pharmacien d’officine adjoint désireux de reprendre l’entreprise où vous travaillez actuellement.
- Une fois le secteur d’installation déterminé, choisissez votre officine en fonction de sa qualité (type, taille, qualité du local, etc.) et de son emplacement.
- Faites une étude du marché local, en analysant, entre autres points, la clientèle potentielle, la concurrence (en place et/ou à venir) et les besoins de la communauté locale en matière de santé.
- Analysez la réalité de l’entreprise ciblée (rentabilité, contrats de travail en cours, bail commercial, situation fiscale et juridique, etc.) et les risques qu’elle présente, idéalement en faisant réaliser un audit commercial, social et fiscal de l’officine par un professionnel.
- Evaluez les dépenses que vous aurez à engager, en lien avec le prix du fonds de commerce et le loyer du bail commercial, avec la reprise de l’assurance et des contrats de travail de l’équipe en place, avec le stock de médicaments et les matériels et équipements indispensables, avec les éventuels travaux de rénovation à effectuer dans l’officine, etc.
- Choisissez votre mode d’acquisition : en solo, ou en association avec un ou plusieurs pharmaciens.
- Choisissez la forme juridique d’exploitation (entreprise individuelle, SNC, EURL, SARL, SELURL, SELARL, SELAS, etc.) la mieux adaptée à votre activité.
- Discutez des modalités de la cession de l’officine avec le vendeur.
- Après négociation et fixation du prix du bien avec le cédant, vient ensuite l’étape de la signature de la promesse de vente, assortie des conditions suspensives (renouvellement du bail, obtention effective d’un crédit bancaire, obtention d’une autorisation d’exploitation auprès du Conseil de l’Ordre des Pharmaciens, etc.) qui s’imposent.
- Montez un business plan, que vous présenterez utilement à des investisseurs privés afin de mobiliser des capitaux, et à votre banque en vue de l’obtention d’un crédit bancaire.
- Une fois l’ensemble des conditions suspensives levées, le vendeur et vous pouvez procéder à la signature de l’acte définitif de vente. Par contre, en cas de non-réalisation de l’une des conditions suspensives, la vente sera annulée.
- Félicitations ! Vous êtes maintenant (co- )propriétaire et (co -)titulaire de votre officine de pharmacie, vous pouvez désormais prendre possession des lieux.
Mais avant de pouvoir démarrer officiellement votre activité en tant que pharmacien d’officine titulaire, vous devez encore vous acquitter de bien d’autres démarches administratives, à l’exemple de l’enregistrement de la cession, du paiement des droits d’enregistrement, ou bien encore de l’immatriculation de votre officine au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).
Comme vous pouvez le constater, acheter une officine de pharmacie impose de nombreuses démarches plus ou moins complexes. Pour vous aider à mener à bien votre projet dans les meilleures conditions possible, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel spécialisé dans la transaction d’officines de pharmacie.
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